Le thé en Chine
Il
n’est pas possible de parler de la voie du thé coréenne sans la situer par
rapport à l’histoire plus générale du thé en Asie du nord-est, qui trouve son
origine en Chine. La culture du thé en Chine date d’il y a bien plus de 2500
ans. D’abord, les paysans dans les régions du sud-ouest de la Chine actuelle
semblent avoir utilisé les feuilles de plusieurs sortes d’arbres sauvages, dont
l’arbre à thé (camellia sinensis), pour préparer des breuvages médicinaux,
y mélangeant des oignons, du gingembre, du sel, etc. Peu à peu, le thé a été
reconnu pour ses qualités toniques particulières et sa culture sous forme de
buissons de thé a commencé à se répandre dans toute la région méridionale de la
Chine. Le thé est devenu un breuvage estimé dans les milieux savants et cultivés
proches des cours, et parmi les moines bouddhistes dès les premiers siècles de
notre ère. C’est pour encourager ces premiers, surtout, à boire plus de thé
dans un style simple, raffiné, que Lu Yu a écrit son Classique du Thé (Ch’a
Ch’ing) en 780 et c’est lui qui a finalement établi le caractère 茶 (prononcé cha)
comme nom pour la plante et la boisson. Avant lui, on utilisait plusieurs noms
de plante pour les désigner. A cette époque, le thé était
séché en briques comprimées, qu’on concassait, faisant bouillir les fragments
avec un peu de sel.
Les
connaisseurs de la dynastie Song (960-1279), réputés pour la sophistication de
leurs goût, ont commencé à réduire des briques de thé vert en poudre très fine
et à mélanger cette poudre dans un peu d’eau chaude. C’est sous cette forme que
le thé se boit encore aujourd’hui dans la cérémonie du thé japonnaise. C’est au
début de la dynastie Ming (1368-1644) que la cour impériale a mis fin à la
culture du thé en briques, en proclamant que désormais le thé se boirait sous
forme d’infusion, l’eau chaude étant versée sur des feuilles séchées en vrac.
Le
milieu des marchands dans les grandes villes a joué un rôle important dans l’élaboration
ultérieure des théières et des services de thé en céramique décorée, et surtout
dans le dévelopement de diverses manières de sécher les feuilles, qui ont donné
naissance aux divers types de thé blanc, vert, jaune (oolong) et rouge (noir),
que les marchands européens ont découvert en arrivant sur les côtes de la région
vers la fin du 16ème siècle. Il est clair que les coréens de la classe
gouvernante participant aux ambassades qui se rendaient chaque année à la cour impériale
chinoise ont rapporté du thé et l’ont bu selons les normes chinoises de l’époque,
une fois rentrés chez eux.
La Voie du Thé
telle qu’elle a été transmise en Corée
La
voie du thé est connue en Corée depuis fort longtemps. Selon le Samguksagi,
chronique officielle composée en 1145 sur l’ordre d’un roi de l’époque Goryeo,
le thé jouissait déjà d’une grande popularité aux jours de la reine Seondok
(632 - 647), 27ème monarque du royaume Silla. Plus tard, à l’époque du 42ème
monarque, le roi Heungdeok, un envoyé royal, Kim Daeryeom, retourna en 828
d’une mission en Chine de la dynastie T’ang apportant des graines de thé, qu’il
planta dans un endroit ensolleillé sur les flancs sud de la montagne Jiri-san.
Encore aujourd’hui on trouve des plantes de thé sauvages sur ces mêmes pentes.
Il
existait bien d’autres chroniques écrites dans les siècles avant le Samguksagi,
mais elles ont été détruites au cours des guerres et des invasions dont la
Corée a eu à souffrir. Toutefois, il est permis de croire que la culture du thé
en Corée est bien plus ancienne que les textes ne l’indiquent. Les moines
bouddhiques faisaient de nombreux voyages en Chine et c’est parmi eux surtout
que le thé et la méditation “Seon” (Zen) ont trouvé l’union étroite qui
continue jusqu’à nos jours.
Il
existe un récit selon lequel, au premier siècle de notre ére, une princesse du
royaume Ayudya de l’Inde aurait apporté du thé en Corée lorsqu’elle est arrivée
par bateau dans le royaume Gaya au sud de la péninsule coréenne aprés un séjour
en Chine. Elle est devenue la reine Heo Hwangok, épouse du roi fondateur de
Gaya, Kim Suro. D’autres textes prétendent que lorsque leurs descendants
faisaient les offrandes pour commémorer les morts, ils offraient du thé parmi
d’autres boissons. La région en Chine du sud-ouest où la princesse est supposée
avoir séjourné est précisément celle où la culture du thé a été pratiquée
depuis les temps les plus anciens.
Si
la voie du thé est entrée en Corée d’abord par les palais royaux, elle s’est
vite propagée parmi la population. Les offrandes solennelles de nourriture et de
boisson aux esprits des ancêtres pratiquées encore aujourd’hui dans la plupart
des familles au Nouvel An et en automne s’appellent depuis toujours ‘Charye’
(rite du thé), même si le thé est souvent remplacé par le vin de riz.
La
voie du thé a été largement développée en Corée juqu’à l’époque dite de Joseon,
et est restée vivante à une échelle plus réduite jusqu’à ce que le Japon ait
entrepris de l’abolir au cours de l’époque coloniale (1910-1945). Ce sont
surtout les moines bouddhistes, qui allaient et venaient entre la Corée et la
Chine dans leurs pérégrinations, qui ont préservé la voie du thé au cours de
ces derniers siècles dans les temples cachés parmi les collines de Corée.
Au
tout début du 19ème siècle, un très grand savant, Chong Yak-yong (1762-1836) s’est
trouvé exilé de la cour pour des raisons politiques. Obligé de vivre pendant
des années à Gangjin, dans le lointain sud-ouest, il a rencontré un moine, le vénérable
Hyejang (1772-1811), qui l’a introduit à la voie du thé. Ce savant, connu désormais comme
“Dasan” (“montagne à thé,” nom de la colline où il vivait) a partagé pendant
son exil cette voie avec les jeunes disciples qui apprenaient la philosophie à
ses pieds. Vers 1809, un jeune moine est venu passer quelques mois avec lui, le
vénérable Cho-ui. C’est probablement Dasan qui le premier a introduit Cho-ui à
la voie du thé. Quoiqu’il en soit, c’est Cho-ui qui, dans les décennies
suivantes a enseigné la voie du thé et de la méditation à de grands savants
confucéens. Il a échangé avec eux des poèmes célébrant le thé et il a surtout
composé une très grande série de strophes sur la voie du thé, le “Dongchasong”
(Chant du thé de l’est) qui a fait de lui le chef de file de tout le reveil du
thé qui a eu lieu dans le 19ème siècle.
Mais
cela n’a pas continué après sa mort. Les japonnais, annexant la Corée en 1910, n’ont
guère eu de difficultés à abolir les traditions spécifiquement coréennes pour
les remplacer par la tradition japonnaise. C’est donc tout récemment, après
l’indépendence de la Corée en 1945, qu’il y a eu une renaissance de la voie du
thé en Corée grâce aux efforts du vénérable Hyodang (Choi Beom-sul) qui a
lui-même planté des arbres de thé and séché les feuilles selon d’anciennes
traditions coréennes pour créer le thé ‘Panyaro’.
Grâce
à lui et à tous ceux qui se sont réunis autour de lui, aujourd’hui de nombreux
coréens ont appris à préparer le thé, à purifier leur corps et leur coeur en le
buvant, seul ou ensemble. Le thé coréen se distingue de celui de la Chine,
cultivé en immenses quantités dans des plantations, ou du Japon, séché
mécaniquement, par l’intensité de sa couleur, de son parfum, de son goût.
Tour
récemment, la tradition du thé coréen a rejoint la tradition de la musique
coréenne, pour donner naissance à un nouveau genre artistique, le “thé en
performance.”
Le
thé, plante pure et sans mélange, se dit ‘plante noble.’
Le
thé se boit non seulement pour son goût merveilleux mais comme boisson
médicinal et comme rafraîchissement spirituel, enfin comme un boisson qui
véhicule une grande richesse de tradition culturelle.
Le
but ultime de la voie du thé coréenne est de faire en sorte que nous tous, le
corps et l’esprit purifiés, puissions travailler ensemble pour rendre le monde
habitable pour tous.
Le Vénérable Hyodang,
Choi Beom-sul
Né
en 1904, dans le village de Yulpo (province de Gyeongsang du Sud), à l’extrémité
sud-est de la péninsule coréenne, Choi Beom-sul a grandi dans une Corée qui
vivait les dernières années de l’époque Joseon et, dès 1910, le début de la
période coloniale sous l’occupation japonnaise. Après l’annexation de 1910, très
vite le Japon a tout mis en oeuvre pour essayer d’effacer l’identité culturelle
de la Corée. Des enseignants japonnais ont pris place dans les écoles à travers
le pays, où ils devaient peu à peu imposer l’utilisation de la langue
japonnaise comme unique langue d’enseignement. Le premier geste nationaliste de
Choi Beom-sul est intervenu quand il avait seulement 9 ans. Avec d’autres élèves,
il a refusé d’assister aux cours donnés par un japonais brutal et inhumain.
Exclu de l’école, il a fini ses études dans un autre établissement à l’âge de
11 ans, en 1915. L’année suivante, à 12 ans, il est entré comme moine novice
dans le temple Dasol-sa, tout près de son village natal et de là il est parti commencer
ses études de bouddhisme dans le grand temple de Haein-sa, plus loin vers le
nord.
Le
1 mars, 1919, un mouvement de résistance nationaliste a vu le jour, des coréens
de tous âges et de tous milieux sont descendus dans les rues de Seoul et à travers
le pays pour crier leur désir d’une indépendence du joug japonnais. Le jeune
moine a reçu le texte de la déclaration de l’indépendence coréenne de son
cousin, déjà engagé dans le mouvement, et avec ses compagnons il l’a diffusée à
travers le sud du pays. Arrêté, il a été sévèrement battu.
En
1922, il est allé poursuivre des études au Japon et a très vite noué des
relations avec des groupes de dissidents anarchistes coréens, grâce surtout à
Pak Ryeol, un des plus importants des anarchistes. Ils se sont mis à préparer
un complot: faire exploser une bombe lors du mariage du prince héritier, mais
le grand tremblement de terre de 1923 est intervenu. Le gouvernement a arrêté
les anarchistes, qu’ils avaient déjà répérés. Après 3 ans d’arrestations
continuelles, il a pu finalement, en 1927, commencer des études universitaires à
la faculté d’études bouddhistes de l’université Taisho
(Tokyo). Il a reçu son diplôme en 1933. Déjà en 1928 il avait été nommé comme responsable
(juji) de son temple d’origine, Dasol-sa, ce qui l’obligeait de passer
ses vacances en Corée.
En 1933 il a été nommé président du comité central de la ligue des
jeunes Bouddhistes, un des mouvements du renouveau du Bouddhisme lancé par
Manhae Han Yong-Un, le leader le plus respecté du mouvement d’Indépendence et
de la résistance contre l’occupation japonnaise. À peine arrivé en Corée, il a
établi la première de plusieurs écoles qu’il a fondées. Mais il a surtout
cherché à faire de Dasol-sa un centre de résistance anti-japonnaise. Depuis
longtemps il avait admiré la vie et la pensé du grand maître Wonhyo (617-686) qui
avait rejeté une vision du Bouddhisme trop cléricale. Suivant la voie qu’il
avait tracée, il a accueilli dans le temple, loin des grands centres, une
communauté formée de toutes sortes de personnes, pas tous moines ni même
bouddhistes. Et à Dasol-sa, il a eu la possibilité d’approfondir tous les
aspects de la voie du thé, car là, sur les pentes méridionales du Mont Jiri, le
thé sauvage poussait déjà et il n’a eu de cesse à agrandir les plantations.
Reconnu
partout comme un des grands héros de la résistance anti-japonnaise, le
vénérable Hyodang a eu à jouer un rôle important dans la fondation de la République
de Corée après 1945 mais ses idées sur la société et la direction future de la
Corée l’ont vite opposé au président Syngman Rhee, dictateur imposé par les
Etats Unis. Fondateur de plusieurs écoles et collèges aprés la Libération, il
s’en est vu éloigner par des ennemis politiques mais il a conservé sa position
à Dasol-sa, ou la communauté s’est renouvelée grâce à l’arrivée de nombreux
dissidents cherchant refuge. Il a pu rester là jusqu’en 1977, pratiquant et
enseignant la voie du thé à ceux qui venaient le rencontrer. Finalement la
lutte qui opposait moines non-mariés et mariés à travers le pays depuis la Libération
l’a obligé à quitter le temple. Il est alors monté à Seoul, où il a encouragé
le renouveau de la voie du thé pendant les derniers mois de sa vie.
Le
grand maître du thé Chae Won-Hwa dirige l’Institut Panyaro pour la Voie du Thé
à Séoul. En Corée elle est considérée comme la personne la plus qualifiée et
pour la théorie et pour la pratique de la Voie du Thé. Elle a éte formée pendant
une dizaine d’années par le Vénérable Hyodang, Ch'oi Beom-sul,
chef de file du renouveau de la tradition du thé en Corée au milieu du 20ème
siècle.
Après
la mort du Vénérable Hyodang en 1979, elle a fondé l’Institut Panyaro pour la
Voie du Thé dans le quartier culturel d’Insa-dong, au coeur de Séoul, le 2
juillet, 1983, selon les voeux du Maître, et depuis vingt ans elle y enseigne
la Voie du Thé. Le Vénérable Hyodang a publié en 1973 ‘La Voie du Thé
Coréenne,’ le premier livre coréen moderne consacré à la Voie du Thé. En 1977
il a fondé la toute première association pour l’étude du thé, ‘L’Association
coréenne pour la Voie du Thé’.
Maître
Chae Won-Hwa a hérité de lui la méthode particulière de la production du thé
vert qu’il a appellé ‘Panyaro’ (Rosée de la Sagesse). Chaque année elle passe
plusieurs semaines tout près de Dasol-sa à sécher ce thé avec son unique saveur
profonde. Chae Won-hwa a étudié l’histoire à l’université Yonsei (Séoul). Une
dizaine d’années plus tard elle y a présenté sa thèse de maîtrise sur ‘Le Zen
du Thé pratiqué par le Vénérable Cho-Ui au 19ème siècle.’
Son
nom figurait parmi la liste des 600 citoyens exemplaires de Séoul qui a été
placée dans une capsule enterrée à Namsan (Séoul) en 1994 pour commemorer les
600 ans de la ville comme capitale du pays.
Régulièrement,
elle donne des cours à l’Institut Panyaro et à l’Institut pour l’Education
Sociale à Yonsei; elle est fréquemment invitée à faire des présentations à
travers toute la Corée. Elle est très connue pour son introduction à la culture
traditionelle du thé coréen; introduction qu’elle donne souvent à des visiteurs
étrangers. Elle a été invitée plusieurs fois à présenter la cérémonie du thé Panyaro
à l’étranger: en France, en Chine, au Japon, et au Canada
Avec
près de quarante ans d’expérience, Chae Won-Hwa est la personne la plus
qualifiée en Corée, pour la Voie du Thé sous ses différents aspects.
L’institut
a été fondé le 2 juillet 1983 à Insa-dong, le principal quartier artistique et
culturel de Séoul, pour perpétuer l’oeuvre du plus grand maître de thé coréen
du 20ème siècle, le Vénérable Hyodang. A cet institut, on reçoit une
instruction sur le Zen du Thé, en étudiant la Voie du Thé coréenne
traditionnelle à travers les écrits classiques des grands maîtres du passé.
Dans un sens, toute l’histoire de la culture humaine a commencé quand les
hommes ont allumé un feu et fait bouillir de l’eau. La Voie du Thé représente
la culmination de cette combinaison de l’eau et du feu.
Essentiellement,
la pratique du Zen du Thé est réalisée lorsqu’une personne prend place, seule,
dans un endroit retiré, allume un feu, écoute le bruit de l’eau qui chauffe,
prépare et boit le thé, tout en prenant conscience paisiblement de l’environnement
ainsi que des pensées qui surgissent des profondeurs et parvient ainsi à l’illumination,
ce qui permet de vivre plus pleinement en accord avec son humanité.
À
travers la pratique régulière de la Voie du Thé, le but de l’Institut Panyaro
va bien au-delà d’une purification et d’un entrainement du corps et de l’âme.
Il aboutit à une prise de conscience, à dimension cosmique, de l’unité de tous
les êtres, qui libère la volonté individuelle et permet de se mettre en marche
vers un monde plus authentique.
Le thé vert ‘Panyaro,’ séché selon une méthode unique élaborée par le Vénérable Hyodang, ne peut se procurer qu’à l’Institut Panyaro, de Chae Won-Hwa à qui la méthode a été transmise. Le Maître a créé le nom en combinant trois caractères chinois: ‘Panya’ signifie le Prajna (la sagesse qui conduit à l’illumination selon le Bouddhisme) et ‘ro’ indique la rosée, ce qui donne en prononciation coréenne ‘Panyaro,’ signifiant ‘rosée de la sagesse’.
Le
thé Panyaro possède un goût d’une qualité exceptionnelle. Il est séché selon la
méthode très exigeante appellée ‘jeungcha’—une méthode mise au point par
le Vénérable Hyodang. Maître Chae Won-Hwa prépare le thé Panyaro chaque année
depuis bientôt trente ans. Vers mi-avril, elle se rend dans les champs de thé
qui se trouvent au-dessus du temple Dasol-sa sur les pentes du massif de
Chiri-san, au sud de la Corée, et pendant plus d’un mois travaille avec
quelques assistantes au séchage de nouvelles pousses de thé fraîchment
cueillies dans un grand chaudron en fer placé sur un feu de bois. Elle fabrique
ainsi, entièrement à la main, avec grand soin, le thé Panyaro pour toute
l’année. La méthode très particulière qu’elle utilise donne au thé des qualités
de couleur, de parfum et de goût tout à fait uniques.
Le
thé Panyaro se prépare avec de l’eau très pure, eau qui, pour donner toute sa
saveur au thé, ne doit pas dépasser soixante-dix degrés. Quand on boit une
tasse de ce thé, on apprécie d’abord la couleur délicate et le parfum qu’il
dégage; puis on le goûte sur la langue et dans la gorge; finalement on prend conscience
de l’arrière-goût qui emplit la bouche. Le goût du thé Panyaro est censé être
composé de six éléments dans une combinaison subtile: salé, sucré, amer, aigre,
âcre et piquant.
“La Voie du Thé
est sans portes.” Cette phrase était chère au Vénérable Hyodang. Ayant pris
conscience de la manière dont certains considéraient la Voie du Thé comme
quelque chose de complexe, d’aristocratique, inaccessible au commun des
mortels, il soulignait toujours que n’importe qui pouvait pratiquer la Voie du
Thé coréenne, quelque soit la classe sociale ou le niveau scolaire.
De
même que la Voie est ouverte à chacun, chacun est tenu d’observer l’esprit de
la Voie exprimé par la phrase “un coeur concentré.” Alors que les gestes pour
préparer et boire le thé sont des plus simples, ils doivent s’accomplir dans un
esprit qui convient à la Voie; cela dépend de l’état d’esprit, du coeur de
l’individu et se résume en quelques mots.
Dans le décor comme dans les ustensiles, dans l’attitude et les gestes de ceux qui préparent et boivent le thé, certaines qualités sont requises: le naturel, la simplicité, la modération, l’assurance, la souplesse, la reconnaissance. Par ces mots il devient évident que la Voie du Thé coréenne, enseignée par l’Institut Panyaro, n’est point une “cérémonie du thé” formelle et ritualisée mais une “Vie du thé” où chacun pratique les valeurs les plus essentielles en accomplissant les gestes d’une des activités humaines la plus simple qui soit.
Nous savons bien que tout dans la vie s’en va comme la neige qui fond au printemps; et pourtant il y a un fond essentiel qui ne s’en va point. Permettre à chacun de découvrir ce fond en buvant le thé: voilà l’unique but de la discipline de la Voie du thé.
Assis
dans la solitude et le recueillement, là où l’on boit le thé, écoutant le
bruissement leger de l’eau qui frémit sur les braises, préparant le thé,
savourant son goût à la fois doux et amer, prenant conscience paisiblement des
pensées qui s’éveillent, sortant de l’illusion par cette contemplation sereine,
nous nous préparons à vivre d’une manière qui en soit digne: voilà la raison
pour la pratique de la Voie du thé.
Purifier
corps et âme par une pratique constante de la Voie du thé, atteindre à une
unité en son propre être et avec la nature profonde de l’univers, et arriver
ainsi à une véritable liberté: voilà le but fondamental de la pratique de la
Voie du thé.
Collaborer
à l’édification d’un monde plus habitable pour tous sur la base de cette
nouvelle liberté: voilà un autre but pour tous ceux qui aiment le thé.
Notre
famille de Panyaro, résolue simplement à traverser ce monde illusoire par la
Voie du thé, invite chacun et tous à construire monde qui soit beau. Venez,
assez-vous avec nous, buvez.
La
‘Voie du thé’ part du geste simple et quotidien de boire le thé pour en faire
une ‘voie’ spirituelle.
Le
‘Zen du thé’ indique qu’on touche à une meditation intuitive en buvant ainsi le
thé.
Le
Zen est une réalité qui ne peut s’expliquer par la parole ni par l’écriture. Le
Zen est concentration et prise de conscience positive.
Le
Zen est éminemment libre et original, subjectif en même temps.
Le
Zen offre un raccourci pour arriver à une individualité sans limites.
Tout
comme le thé.
Il
suffit de préparer le thé et de savourer sur le bout de la langue ses six
goûts: amer, âpre, acide, salé, poivré, sucré.
Le
thé et le Zen doivent constamment gouverner et diriger le corps et le coeur;
c’est seulement ainsi que vous arriverez à ce niveau.
Voilà pourquoi l’on dit, ‘le thé et le Zen ont une
même saveur,’ et encore, ‘le thé et le Zen sont un.’
Cérémonie du Thé Coréenne ‘Panyaro’
Invitation à la sérénité
‘Trouver l’unité
avec le souffle de la vie grâce au thé’
Cérémonie
du thé Zen à plusieurs participants.
Assis
dans la solitude et le recueillement, là où l’on boit le thé, écoutant le
bruissement leger de l’eau qui frémit sur les braises, le maître et ses
disciples préparent et boivent ensemble le thé comme il convient, que ce soit
thé en poudre ou thé en feuilles, un Zen du thé qui façonne à la fois le corps
et le coeur.
Cérémonie
du thé pour accueillir des invités.
Le
maître prépare avec grand soin le thé et en offre à des invités, un Zen du thé
qui façonne pendant qu’on boit ensemble.
Cérémonie
pour offrir le thé au Bouddha, aux esprits ou aux ancêtres.
Une
cérémonie solennelle pour célébrer la fin d’une année marquée par tant
d’évènements; avec des bougies allumés dans une nuit éclairée par un myriade
d’étoiles, on prépare le thé offert aux divinités, conscients du souffle du
nouvel an qui vient nous éclairer on invoque l’espérance.
Cérémonie
du thé Zen: célébrant unique.
Seul,
on prépare et boit le thé, plongé dans une méditation profonde, le Zen du thé à
son plus profond et son plus universel.
Les gestes de la cérémonie du thé coréenne
Dans
toutes les cérémonies, les gestes essentiels restent le même. Au début le
service de thé est disposé sur un plateau légèrement élevé devant celui ou
celle qui va préparer le thé, couvert d’un tissu. Tous se saluent en s’inclinant,
les main jointes. Puis le tissu est enlevé, plié et posé par terre. Les tasses,
qui étaient rangées le haut en bas sont retournées. Du versoir, de l’eau chaude
est versée dans la théière, puis de la théière dans les tasses afin de les
chauffer et de les nettoyer. Une nouvelle mesure d’eau est mise à refroidir
dans le versoir. Le thé est mis dans la théière avec une cuillère en bois, puis
on verse l’eau chaude dessus. L’eau qui chauffait les tasses est jetée; le thé
est alors servi en passant plusieurs fois d’une tasse à l’autre pour que le goût
du thé soit également réparti. Chaque tasse est placée sur une sous-tasse en
bois, sauf dans la cérémonie de l’offrande du thé au Buddha, quand la sous-tasse
est alors en céramique. S’il y a des invités, les tasses leur sont portées; les
mains jointes, chacun s’incline en signe de reconnaissance avant de boire.
Chacun prend le temps de contempler la couleur du thé
et de savourer son parfum avant de boire. Ayant bu, chacun suit la progression
et l’évolution du goût sur la langue, dans la gorge, avant de savourer le goût
qui reste dans la bouche. On verse une nouvelle mesure d’eau chaude dans la théière
et, après une brève pause, toue l’infusion est versée dans le bol-versoir, qui
sert à remplir les tasses. Ceci se répète d’habitude une troisième fois. Ensuite
les tasses reviennent à la personne qui préside la cérémonie pour être lavées. Le
thé est vidé de la théière, qui est lavée aussi. Quand tout est terminé, le
service à thé est recouvert du tissu puis, de nouveau, chacun se salue, les
mains jointes.
Contacter:
Centre Panyaro
pour la Voie du Thé Coréenne
Gahoi-dong 31-39,
Jongno-gu, Seoul 110-260, Rép. de Corée
Tél:
82-2-763-8486; Fax: 82-2-737-8976
Couriel:
panyaro@naver.com
Internet:
http://myhome.naver.com/panyaro